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Sur les pas des martyrs du communisme (1946-1990)

CHEMIN DE CROIX

SUR LES PAS DES MARTYRS

DU COMMUNISME

(1946-1990)

DANS L’EX PRISON DE LA SÉCURITE D’ÉTAT

 « SIGURIMI »  SHKODER

Sous la garde des sœurs Clarisses

Monastère «Sainte Claire»

Shkoder

I STATION : JESUS EST CONDAMNE A MORT

– O Christ, nous Te louons et nous Te bénissons

– Parce que Tu as racheté le monde par ta sainte Croix.

« Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît. Sur lui repose mon esprit, il présentera aux nations le droit» (Is 42, 1).

Dans une lettre de don Shtjefen Kurti au Pape Pie XII le 16.10-1946.

(Curé à Tirana. Il fut arrêté deux fois. La première fois à Tirana le 28-10-1946 et il fut  condamné à 20 ans de prison, il en purgea 17 à la prison de Burrel. La seconde fois il fut arrêté à Gurez en 1970, mis en prison il fut fusillé un an après).

« Très Saint Père, […]La file des martyrs s’agrandit chaque jour; dans les prisons des tortures terribles sont pratiquées envers tous sans distinction; des milliers d’hommes, femmes, personnes âgées et enfants, dépouillés de tout et affamés sont déportés dans des camps de relégation, dans des lieux très isolés et malsains, dans des maisons sans fenêtres, contraints à travailler dur toute la journée pour un morceau de pain.

Afin d’affaiblir la constitution physique des prisonniers et de les faire mourir d’épuisement et de tuberculose, un récent décret interdit aux familles de leur porter de la nourriture.

Très saint Père, il y aurait encore beaucoup de choses à vous dire, mais je dois écrire ces lignes en grande hâte par peur qu’on ne me surprenne entrain d’écrire.

Prostré aux pieds de votre Sainteté, humblement je demande votre paternelle bénédiction apostolique, bénédiction pour moi, pour tout le clergé, pour tout le peuple, afin que nous soyons soutenus dans la lutte présente sans que notre foi défaille.»

PRIONS

Jésus, doux et humble de cœur condamné injustement à cause de nos péchés: regarde-nous avec bonté, si souvent aveugles et insensibles, nous jugeons sans appel tant de nos frères, accorde-nous ton pardon. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

II STATION : JESUS EST CHARGE DE SA CROIX

« J’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient, je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats » (Is 50, 6).

Témoignage sur le père Giovanni Fausti

(Jésuite, il naquit à Brescia en 1899. Diplômé en théologie et philosophie, déjà en 1929 il fut envoyé à Shkoder comme professeur au Séminaire. Contraint à rentrer en Italie en 1932 à cause de sa santé, dix ans après il retourna en Albanie comme recteur du Séminaire Pontifical de Shkoder.

Il fut arrêté le 31 décembre 1945 avec le père Danjel Dajanis.j. Tous les deux furent accusés d’avoir favorisé la formation d’un groupe de résistance contre le communisme à l’intérieur du Séminaire. Condamnés à mort, ils furent fusillés le 4 mars 1946)

Un détail très émouvant nous rappelle la Passion du Christ. En allant de la prison au tribunal le père Fausti fut objet de mépris, d’injures, couvert de crachats. Et cela pendant plusieurs jours, jusqu’à la fin du procès.

Un jour le long de la route, une femme se détacha de la foule : elle avait les yeux rouges de sang et les cheveux ébouriffés. À l’improviste elle avança et avec une voix rauque de colère elle s’écria :-Une balle sur le front! –

Et de sa bouche sale elle cracha sur le visage du père Fausti. Mais le père avait un esprit magnanime. Il répondit par une salutation en faisant un signe de tête et, suivant l’exemple du Divin Maître, il dit : –  Pardonne o Père, car elle ne sait pas ce qu’elle fait !  -.

PRIONS

Jésus notre Seigneur, toi qui porte la croix sur tes épaules innocentes, pose ton regard sur tous les hommes qui ignorent la douleur et la fatigue de leurs frères. Accorde à chacun de nous de pouvoir lutter et souffrir pour la libération de l’homme. Amen.

III STATION : JESUS TOMBE POUR LA PREMIERE FOIS SOUS LE POIDS DE LA CROIX

« Objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu’un devant qui on se voile la face, méprisé, nous n’en faisions aucun cas » (Is 53,3).

Témoignage de Mgr Fran ILLIA

(Il a survécu à la persécution car sa condamnation à mort avec le père Fausti et le père Dajanis.j., fut changée en une peine de prison et de travaux forcés à vie. Il fut nommé évêque de Shkoder et consacré par le Pape Jean Paul II pendant sa visite en Albanie le 25 avril 1993. Il mourut en 1998).

« Nous étions si fatigués, épuisés parles souffrances physiques et spirituelles à tel point que pendant les interrogatoires nous ne savions plus que dire.

Nous étions obligés de répondre : Oui, oui, ça va bien! –

Nous acceptions les yeux fermés leurs affirmations. Le juge, dont je ne me souviens plus de sonnom ,était une personne très arrogante et dure. Il nous inspirait la terreur et hurlait: – Vous êtes les ennemis du peuple ! – Ils disaient que nous étions des espions du Vatican. Pour ces accusations je fus condamné à mort ».

PRIONS

Seigneur Jésus nous te prions pour nous tous qui retombons dans le péché. Pose ton regard sur nous avec bonté, que ton amour compatissant nous sauve. Par Le Christ notre Seigneur. Amen.

IV STATION : JESUS RENCONTRE SA MERE

« Iles, écoutez-moi, soyez attentifs, peuples lointains ! Le Seigneur m’a appelé dès le sein maternel, dès les entrailles de ma mère il a prononcé mon nom» (Is 49,1).

Témoignage sur don Giuseppe Marxen

(Prêtre de nationalité allemande, né en 1906 dans la province de Cologne, missionnaire en Albanie. Arrêté et tué à l’âge de 40 ans).

Arrêté en 1946 par le régime parce que il était prêtre et en plus étranger, don Zef Marxen fut enfermé dans la prison de Tirana. Soumis à d’atroces tortures, il fut fusillé accusé d’être un agent de la Gestapo. Un compagnon de captivité raconte : «Nous tous qui l’avions connu, avons eu beaucoup de peine. Pas seulement à cause de son jeune âge, mais aussi parce que c’était une personne très sérieuse et charitable. Il n’hésitait pas à porter de l’aide à un malade, et sa ration de vivres, il la partageait avec les prisonniers qui en avaient le plus besoin. Cet homme jouissait du respect de tous.

Sa mère dans la lointaine Allemagne a attendu pendant des années son fils prêtre. Elle ne pouvait pas savoir qu’on avait tué son fils innocent de tout mal. Il était venu servir l’Albanie et il a été tué sans aucun procès. Les derniers jours il disait à l’un de ses compagnons de cellule : «Je suis content car les Albanais se souviendront toujours de moi comme d’un prêtre fidèle au Christ.

PRIONS

Donne-nous Jésus par les prières de Ta sainte Mère, d’imiter sa force d’âme pour Te suivre sur le chemin du Calvaire. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

V STATION: SIMON DE CYRENE AIDE JESUS A PORTER SA CROIX

«Moi, le Seigneur, j’ai fait de Toi l’alliance du peuple et la lumière des nations» (Is 42, 6).

Témoignage sur don Andre Zadeja

(Né à Shkoder en 1891, il étudia en Italie et en Autriche. Ordonné prêtre en 1916, il fut par la suite nommé curé de Sheldi. Connu comme un grand prédicateur, don Zadeja a été aussi écrivain, poète et dramaturge. Accusé d’avoir parlé dans ses homélies contre le communisme, il fut arrêté et fusillé, le 25 mars 1945, le dimanche des Rameaux).

Le 25 mars 1945, don Ndre Zadeja est conduit en dehors de la prison avec treize autres compagnons, en direction du lieu de l’exécution.

Tous les prisonniers étaient effrayés. Avant qu’il quitte la prison ses compagnons prêtres, lui donnèrent la bénédiction à travers la petite porte de la prison. Don Ndre s’agenouilla avec les autres. Au lieu de l’exécution, derrière le cimetière de Shkoder, don Toma Laçaj s’approcha d’eux pour lui donner la dernière absolution. Don Ndre le remercia parces mots : «Je te remercie car tu es venu ici alléger mes souffrances». Peu après, la ville de Shkoder put entendre les coups de kalachnikov qui tuèren quatorze personnes.

PRIONS

Seigneur Jésus, enseigne-nous à reconnaître le bien de celui qui est à côté de nous et à accomplir des gestes de charité gratuite. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

VI STATION: VERONIQUE ESSUIE LE VISAGE DE JESUS

«De même que des multitudes avaient été saisies d’épouvante à sa vue – car il n’avait plus figure humaine, et son apparence n’était plus celle d’un homme » (Is 52, 14).

 Témoignage sur Maria Tuci

(Née en 1928, elle fit ses études à l’Institut des Sœurs Stigmatines, où elle entra comme «aspirante». Très courageuse et déterminée dans ses convictions de foi, dès la venue du communisme elle participa à un groupe clandestin de Résistance. Avec d’autres jeunes des écoles catholiques et aussi des séminaristes, elle distribuait des tracts contre les premiers élections-farce du régime. De très belle prestance, elle s’opposa à la violence qu’on voulait lui faire durant sa captivité. Pour cela elle fut soumise à des tortures si horribles qu’elle dût être transportée à l’hôpital de Shkoder, où elle mourut le 24 octobre 1950).

Le 10 aout Maria Tuci fut arrêtée avec d’autres personnes de sa famille et emprisonnée pendant un an à Shkoder.

En prison elle était constamment soumise à des interrogatoires et battue jusqu’àêtre défigurée. Sa prison était un cachot sans lumière, sans air. Une fois par mois elle arrivait àrecevoir de la part de sa maman – par l’intermédiaire d’un ami – du linge de rechange qu’elle partageait avec sa compagne de cellule. Un témoin raconte que dans les jours d’hiver glacial elles restaient enlacées pour avoir un peu chaud. Quand il pleuvait, l’eau arrivait aux matelas et elles restaient mouillées pendant des journées entières.

Transportée à l’hôpital dans des conditions très graves, avant de mourir elle dit à son amie Divida venue la visiter : «La parole de Hilmi Seiti (son persécuteur) s’est réalisée: Je vais te réduire dans un tel état que même les personnes de ta famille ne pourront pas te reconnaître !...Je remercie Dieu car je meurs libre!».

PRIONS

O Christ notre Seigneur, Image du Père, fais que nous sachions Te reconnaître dans le visage de nos frères, dans leur visage souvent défiguré par la souffrance, par la douleur, par la déception, par la peur, et aide nous à essuyer avec compassion et délicatesse leur larmes. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

VII STATION : JESUS TOMBE POUR LA DEUXIEME FOIS

«Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié» (Is 53, 4).

Témoignage sur Pjeter Çuni

(Né à Shkoder, en 1914, il étudia à Rome jusqu’à l’ordination sacerdotale qui eut lieu dans la Basilique Saint Pierre en 1940. Rentré en Albanie, il fut nommé curé à Shkrel et àRrjoli, où il se fit remarquer par son attention et son dévouement dans son ministère pastoral et aussi par son amabilité envers tous dans ses relations. Il apporta une remarquable contribution à la revue diocésaine «Kumbona e se dieles» (La cloche du dimanche)et réalisa différentes traductions grâce à sa très bonne connaissance de la langue italienne. Tout jeune curé, en juillet 1948, il fut arrêté sans accusation ni procès et après cinq mois, il fut exécuté).

Un cousin raconte: «Don Pjeter se préparait depuis longtemps à affronter son Calvaire. Nous parlions de condamnations, de fusillades qui augmentaient chaque jour. Il me dit : « Il semble que le Crist ait décidé que je sois parmi les derniers!»

Peu de temps après cette rencontre qui avait eu lieu chez moi, un matin un agent de la Sécurité l’arrêta dans la rue, en lui demandant qui il était, bien qu’il connût son identité.

Il comprit que son moment était arrivé.

Le jour même il repartit en bicyclette pour Koplik, le chef-lieu de sa paroisse. On l’arrêta sans aucun motif. Il fut lié et conduit à Koplik.

Là, avec don Aleksander Sirdani, ils furent ligotés et hissés sur deux ânes.

On les traîna ainsi tout au tour de la ville, tandis qu’on les couvrait d’injures et d’accusations.

PRIONS

Seigneur Jésus, souviens Toi des chrétiens qui dans tous les continents témoignent de Toi dans les persécutions et qui meurent martyrs pour la foi. Que leur sang soit une semence de nouveaux chrétiens et signe pour nous de Ta présence éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

VIII STATION: JESUS RENCONTRE LES FEMMES DE JERUSALEM QUI PLEURENT

«Il portait le péché des multitudes et il intercédait pour les criminels» (Is 53,12).

Témoignage du Père Zef Pllumi, o.f.m.

(Né à Lezhe en 1924, il est mort en2007. Homme d’une grande culture, il a survécu à la persécution après avoir subi 25 ans de prison et de travaux forcés).

«Pour la Pâque de 1949, dans ma cellule 7 il y eut un événement d’une joie indescriptible: le Christ entra pour nous renforcer dans la foi! Voici ce qui arriva.

Le père Leon Kabashi, frère mineur, demanda une paire de babouches à sa sœur Rosa qui était venue le voir. Il réussit à lui dire: “Dans les babouches mets-nous le cadeau de Pâque!”Les policiers et les espions qui entendirent ces paroles ne comprirent pas qu’il demandait les hosties consacrées pour la communion. À Pâque le père Leon eu la possibilité de rencontrer sa sœur qui lui remit les babouches. Nous les ouvrîmes en cachette: dedans il y avait un corporal avec 50 hosties! Je tombai à genoux.

Je repensai à Saint Tarcisio, martyr de la communion au temps de catacombes…

Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, aies pitié de nous! 

Au XX siècle les mêmes scènes des catacombes romaines se répètent».

PRIONS

Seigneur Jésus donne-nous la grâce de nous convertir  et le courage de savoir risquer pour ton nom. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

IX STATION: JESUS TOMBE POUR LA TROISIEME FOIS

«Par contrainte et jugement il a été saisi, parmi ses contemporains qui s’est inquiété qu’il ait été retranché de la terre des vivants, qu’il ait été frappé pour le crime de son peuple?» (Is.53, 8).

Témoignage de Don Mikel Beltoja

(Aidé par Mgr Ernest Çoba, il étudia la philosophie et la théologie. Il fut ordonné prêtre à Shkoder en 1961tandisque le régime procédait à la totale destruction de l’Eglise catholique et de ses structures. Le19 avril 1973, il fut arrêté et torturé pendant 4 mois. Au cours du procès où il sera condamné à mort, don Mikel n’a pas eu peur de parler jusqu’à la fin contre le communisme, ennemi juré de la foi et de la nation. Il paiera de sa vie pour avoir parlé avec passion et audace en défendant le clergé et les intellectuels que le régime avait déjà éliminés férocement).

Tous les témoins oculaires ont raconté que don Mikel était un vrai «soldat» du Christ : courageux et plein de zèle pour la cause de Dieu, décidé et irrépréhensible, prêt à tout pour le service de Dieu et de ses frères. Pour cette raison, les communistes l’épiaient et le surveillaient de près. Un jour les agents de la sécurité sont entrés dans sa maison et ont fait une perquisition minutieuse. Ils prirent tout ce qu’ils trouvaient : ornements, livres liturgiques, images et autres objets sacrés. Ensuite ils le rejoignirent pour l’arrêter devant l’église de Beltoja déjà transformée en centre culturel.

On le poussa avec violence dans la voiture. Lui, tranquillement salua tous ceux qui assistaient à la scène …mais tous avaient peur de lui répondre et l’accompagnèrent seulement du regard.

Sa maison fut surveillée par des gardes armés qui, après avoir tout réquisitionné, rassemblèrent toutes les personnes en les contraignant à l’accuser comme un des pires réactionnaires du peuple.

PRIONS

Seigneur, fais nous comprendre que c’est seulement en partageant la douleur de Ta passion que nous pourrons voir surgir en nous le soleil de ta Résurrection. Par notre Seigneur Jésus Christ. Amen.

X STATION : JESUS EST DEPOUILLE DE SES VETEMENTS

«Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvrait pas la bouche»(Is. 53,7).

Témoignage sur Don DedeMaçaj

(Né en 1920, il étudia au séminaire pontifical de Shkoder et compléta ses études de philosophie et de théologie à Rome. Jeune prêtre il revint à Shkoder pour accomplir le service de curé entre Rragam et Sheldi, où l’avait précédé don Ndre Zadeja.

Il fut arrêté en 1947 par un procès-farce et il subit le même sort que ses compagnons prêtres, il fut condamné et peu après fusillé).

«Il fut conduit en dehors de la salle du jugement. Le tribunal rendit une sentence définitive sans appel. Sentence d’une condamnation à mort à exécuter sur le champ. Il lui fut permis d’exprimer son dernier désir.

Il dit :- Je n’ai aucun désir sinon celui que vous connaissez bien, vous qui m’avez condamné sans aucune culpabilité. Ils l’emmenèrent en dehors de la zone militaire, dans une prairie près du fleuve Vjosa. Ils le dépouillèrent de ses vêtements comme ils avaient fait à Jésus et un peloton de soldats tirèrent sur lui. Mais il ne tombait pas à terre. Ils tirèrent encore une fois mais don Dede resta debout. Le bourreau, plein de colère parce qu’il n’avait pas réussi d’un seul coup à étendre à terre ce héros valeureux, donna l’ordre pour la troisième fois de tirer. Mais cette fois il n’attendit pas. Il tomba et salua la mère terre de son sang».

PRIONS

Seigneur Jésus Christ fais que nous nous détachions de ce qui n’est pas digne afin de revêtir la tunique blanche que Tu nous as acquise par ta Croix. Par le Christ Notre Seigneur. Amen.

XI STATION : JESUS EST CLOUE SUR LA CROIX.

«Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison» (Is 53, 5).

Témoignage de Don Anton Muzaj

(Né en 1919, il fit ses études au séminaire pontifical de Shkoder. Il compléta ses études de théologie à Rome. En 1946 il revint à Shkoder, alors que la persécution communiste avait déjà commencée. Il fut arrêté en 1947 accusé d’être un espion du Vatican. Il n’avait que 29 ans).

C’était en octobre 1947 que don Anton Muzaj et le père Fran Kiri furent arrêtés et soumis à de terribles tortures. Ils furent contraints à rester debout, le nez contre le mur, les mains et les pieds liés et cela pendant des journées et des nuits entières, tandis que la soif torturait leurs souffrances.

Plusieurs fois par jour, deux prisonniers, à tour de rôle, lavaient le corridor de la prison, très souvent couvert de sang. Don Anton leur demandait de ne pas essuyer cette eau, pour pouvoir la boire. Et tout de suite ils se jetaient à terre pour lécher comme des chiens les quelques gouttes du plancher mouillé.

Il en était arrivé à un point, où il ne pouvait plus se tenir sur ses pieds, et pour cette raison il était encore davantage battu. Souvent on lui jetait de l’eau glacée et on l’exposait entre porte et fenêtres, aux courants d’air glacials des mois d’hiver. Il attrapa la tuberculose

Après le procès, les juges virent l’état dans lequel il était réduit et comprirent qu’il n’avait pas longtemps à vivre. Pour cette raison ils ne le condamnèrent pas à mort. À ses compagnons de prison il dit : si un jour vous rencontrez quelqu’un de ma famille, dites lui que je suis innocent et que je meurs uniquement à cause de ma foi en Christ.

PRIONS

O Christ notre Dieu, sur la Croix Tu es mort pour notre salut, donne nous ainsi qu’au monde la Paix qui vient de Toi. Par le Christ Notre Seigneur. Amen.

XII STATION: – JESUS MEURT SUR LA CROIX

«Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre.» (Is 49,6).

Témoignage sur don Alexander Sirdani

(Né à Shkoder en 1892, très jeune il resta orphelin de mère. Il étudia à Shkoder au Collège des Jésuites et il continua ses études en Autriche. Ordonné prêtre en 1916, il exerça son service de curé dans différents villages de Shkoder. Homme de prière et artisan de paix, il intervenait dans des situations de conflits et de vengeance dans les familles. On le remarqua pour sa sagesse et sa noblesse d’âme.

En1948il fut arrêté et conduit à Koplik. Soumis à d’atroces tortures pendant cinq mois, il fut exécuté avec don Pjeter Çuni).

Homme au langage éloquent, don Aleksander était très clair et ses sermons appropriés. Parlant avec des mots simples et compréhensibles pour tous, il transmettait les enseignements de la sagesse chrétienne et, sans crainte il réfutait les théories matérialistes et discréditait devant tout le monde les idées antichrétiennes du communisme athée. Il répétait que seul là où il y a l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté!

Des témoins racontent qu’un jour, après son sermon, les agents au service du régime le conduisirent dehors à coté d’une croix, et avec une grande colère et vulgarité le critiquèrent et le menacèrent devant le peuple.

Don Aleksander, avec son habituelle tranquillité d’esprit, dit : «Frappez. Je reste ici : Je donne ma vie pour le Christ !»

Alors quelqu’un le supplia :Non, don Aleksander, ainsi tu vas à ta ruine et nous avec!

Il répondit : Témoigner du Christ est un honneur pour moi et pour vous. J’ai prêché et je ne prêcherai que la foi au Christ ! –

PRIONS

Seigneur Jésus, mort pour tous sur la Croix, aies pitié de nous, créatures mortelles. A l’heure de la mort viens à notre rencontre. Porte-nous sur Tes épaules à la rencontre du Père, Toi qui as lavé nos péchés dans ton sang très précieux. Amen.

XIII STATION :JESUS EST DETACHE DE LA CROIX

« A la suite de l’épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et il sera comblé. Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes en s’accablant lui-même de leurs fautes» (Is 53, 11).

Témoignage du père Anton Luli

(Jésuite, du même âge que Jean Paul II. Il survécut au communisme et donna un témoignage à Saint Pierre lors de ses 50 ans de sacerdoce qu’il fêtait avec le Pape. Il mourut en 1998).

« Dans les locaux de la Sécurité les tortures morales et physiques étaient terribles et insupportables. Dans la même prison il y avait avec moi deux autres prêtres que je connaissais très bien.

Ils ne résistèrent que quelques jours aux tortures. Je le sentais crier au secours, ils demandaient de l’eau à boire, mais personne ne leur en donnait. Le premier, don Aleksander Sirdani, résista trois jours. Le deuxième, don Pjeter Çuni, jeune, fut torturé avec le courant électrique.

Moi, j’étais fatigué de vivre et je désirais la mort. Quand les policiers venaient me chercher je leur disais que j’aurais été reconnaissant s’ils m’avaient tiré une balle sur le front pour mettre fin à mes terribles souffrances».

PRIONS

Dans tes plaies, o Jésus, nous venons nous refugier. Sauve-nous du malin qui nous assaille. Libère nous de tout mal. Rends nous victorieux des ténèbres qui semblent dominer et vaincre la lumière de nos journées. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

XIV STATION: JESUS EST ENSEVELI

«On lui a donné un sépulcre avec les impies et sa tombe est avec le riche, bien qu’il n’ait pas commis de violence et qu’il n’y ait pas eu de tromperie dans sa bouche» (Is 53,9).

A partir d’un témoignage sur le père Serafin Koda,o.f.m.

(Né en 1893, il entra dans l’Ordre des Frères mineurs en 1909. Ordonné prêtre, en 1915 il devient «définiteur»provincial dans différents villages. Il était curé à Lezhe quand il fut arrêté et torturé d’une manière barbare à cause d’une fausse accusation, après avoir participé à une réunion de la Province franciscaine. Il mourut le 11  mai 1947, à 54 ans).

Le Père Serafin, homme d’une grande prudence et bonté, estimé par tout le monde à cause de sa sagesse et de son courage, était infatigable dans sa mission de prêtre et de curé. Dans l’exercice de son ministère il n’avait peur de rien, ni de personne. Il fut arrêté par la Sécurité dans le couvent franciscain de Lexhe: c’était le jour de sa fête, le 12 octobre 1946.

Il fut mis en prison dans les étables du couvent qui avaient été réquisitionnées par le régime et transformées en hôpital.

On le tortura en l’immergeant jusqu’au cou dans un bidon d’eau

On lui enfonça les ongles dans la gorge jusqu’à lui casser la trachée.

Celui qui se trouvait à son coté raconte que pendant qu’on le transportait de la prison à l’infirmerie – toujours à l’intérieur du couvent – le père Serafin s’adressa à la Vierge avec cette prière

« O Sainte Vierge Marie, accomplit vite ton travail!»

PRIONS

Jésus notre sauveur, Toi qui est passé par la mort pour nous donner la vie immortelle, donne à tous nos frères défunts la joie et la paix éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

CONCLUSION.

Le sang de tes martyrs, Seigneur,

est devenu la semence de l’Eglise.

Rends nous dignes de recueillir l’héritage de ces frères qui nous ont précédés dans la foi et fais que leur témoignage soit toujours pour nous un exemple et un guide dans les joies et dans les difficultés de la vie.

Donne-nous la certitude que même sous les décombres de l’homme, Toi, ô Seigneur, Tu peux toujours reconstruire et faire revivre.

Par le Christ notre Seigneur. Amen.

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